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Pourquoi répéter des prières ?

chapelet

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Ne pas rabâcher –

La répétition est suspecte. Elle peut être mécanique, celle d’un « moulin à prière » ; du rabâchage ; un tic de l’âme ; celle d’un robot religieux ; de l’auto suggestion ; une méthode pour se calmer ; un tricot intérieur ; une thérapeutique mentale ; une croyance superstitieuse dans l’efficacité ; une formule magique ; une façon de faire le siège de la Divinité et de croire la forcer à ce qu’Elle ne veut pas. Mais le Seigneur Dieu dit : « Vous avez beau ressasser vos prières, Je ne vous écoute pas » (Isaïe 1, 15). Et le même Verbe dit encore : « Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. » (Matthieu 6, 7-8).

La prière est unique

Le principe de la prière est qu’elle est unique. Son unicité fait sa valeur et sa puissance. Elle lui donne sa concentration. Elle lui confère une image de l’absolu. La parole de Dieu en effet est unique, Fils unique et Verbe de Dieu. Et le Verbe ne parle qu’une fois pour dire : « lumière, soit ! » (Genèse 1, 2) ; « Lazare, sors ! » (Jean 11, 43) ; « lève-toi et marche ! » ; « ne pleure plus… ». La prière de l’homme, comme tout l’homme, est à l’image de la parole du Père et elle tend à sa ressemblance. Toute notre vie est orientée vers la ressemblance au Christ, Fils unique et Verbe de Dieu. Aussi la prière digne de ce nom n’est ni une redite, ni une répétition. Pensons à la divine Liturgie : l’expression elle-même ne s’emploie qu’au singulier. Cette prière de l’Église ne se répète pas ; elle ne se multiplie pas. Elle est unique, comme Dieu, comme l’Église, comme la foi.

« Encore et encore… »

Pourtant il est dit, dans les offices liturgiques : « Encore et encore, prions le Seigneur ! » Dans notre faiblesse, notre état d’apprentis et de débutants dans la foi, de bébés disciples, nous crions vers le Seigneur, comme pour lui demander ce qu’Il nous a déjà donné ! C’est notre façon de rejoindre son don et de le rejoindre lui-même, un pas après l’autre. En raison du péché, une grande distance se trouve entre l’enfant et son Père. Mais, à ce stade même, chacun de ses cris et de ses appels est unique ! C’est également, comme l’ont dit certains saints, que nous ne sommes pas rassasiés…

La prière pure

L’expérience de la prière dite « du cœur » consiste dans une prière unique, dite chaque fois de façon unique, fût-elle dite mille fois. Elle n’est pas une répétition. L’esprit se rapproche du cœur pour connaître la prière pure et sans distraction, véritablement unique. La personne veut tout entière demeurer dans cette pureté et cette unicité si elle la goûte une fois. Chaque prononciation tend à cette unicité, à cet absolu d’une prière exclusive, un « je t’aime ! » qui dit tout, tellement il est complet, total, sans réserve et sans ombre. Nous apprenons à dire chaque fois la prière de façon unique.

L’authenticité

Chaque unique prononciation de la prière vise l’unicité de notre Seigneur et Dieu ; l’unicité de sa personne ; l’unicité de son Nom : Jésus ! La prière, si elle était répétitive, serait faible. Non : chaque prononciation est ciblée, ajustée, guidée par une sérieuse recherche de qualité, d’authenticité et de sincérité. De même que le violoniste travaille le son sur la corde par son archet, de même l’orant travaille la justesse et la vérité de ce qu’il dit à son Jésus le Bien-aimé. Tu travailles la justesse, la sincérité et ton cœur est une oreille qui atteste la vérité de ta parole. Tu sais et tu sens quand tu dis vrai.

L’ascèse de la prière

Ou bien, concédons-le, je dirai la prière mille et une fois pour pouvoir la dire une seule fois sans hypocrisie. Je la dirai mille fois pour la dire de façon unique ! Il y a ainsi une dimension ascétique dans la prière du cœur avec le chapelet. Tu t’exerces à l’unité et à l’unicité : encore et encore, prions le Seigneur, de façon à, finalement, enfin ! – le prier en toute vérité. Et notre cœur alors le sait : aujourd’hui, j’ai prié ! Dans une prière unique, totale et absolue, mon cœur a senti qu’il aimait ! J’ai senti, quand j’ai nommé son Nom ineffable, que j’aimais mon Dieu et que je suis aimé de lui – moment unique et irrépétable, que tu voudrais pourtant retrouver !

(a.p. Marc-Antoine)