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Peut-on chercher le bonheur ?

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Le message biblique –

La quête du bonheur est instinctive chez l’homme et chez toutes les créatures. « Beaucoup disent : qui nous fera voir le bonheur ? La lumière de ta face nous a marqués de son empreinte ; Seigneur, Tu as mis la joie dans mon cœur ! » (Ps 4, 7). Le Seigneur fait exister en vue de l’épanouissement de l’être, du bonheur et de la joie d’exister. L’homme est créé pour le bonheur. C’est ici le message biblique fondamental, dans les tout premiers chapitres de la Genèse. L’histoire universelle montre que la souffrance et la mort dérivent d’une auto privation du bonheur promis à la créature par le Créateur. Des civilisations entières se sont construites sur l’égoïsme, la domination d’autrui, l’illusion d’un bien imposé, l’exploitation des plus faibles et la rapacité à l’égard de la Création.

L’homme est bon à l’image de Dieu

Le Seigneur s’est fait homme pour rendre à l’homme et à toutes les créatures l’accès à ce qui leur est promis dans le principe. Le saint Évangile est un manuel du bonheur, sous ses différentes formes, notamment les plus élevées, comme l’allégresse et la joie. Le temps liturgique de la Résurrection est la porte ouverte à la joie de Dieu que le Christ partage au sortir du tombeau. Le message des Béatitudes (Matt. 5, 3-12) est la charte du bonheur selon le Messie Jésus. Et Celui-ci s’exprime clairement : « que ma joie soit en vous » (Jn 15, 11) ; « personne ne pourra vous ôter votre joie » (Jn 16, 22) ; que les hommes « aient la plénitude de ma joie ! » (Jn 17, 13). Le bonheur, et sa forme inconditionnelle qu’est la joie, constituent ainsi la norme de la vie humaine. Il découle de la foi que Dieu a dans la bonté de l’homme.

Le bonheur communion

La béatitude, l’allégresse des anges et des saints, la jubilation des justes, et le bonheur simple de chacun de nous, sont exprimés par des images de communion, de concorde et d’amour mutuel. Plusieurs fois, le bonheur est présenté dans l’Évangile par une fête, un banquet, par l’hospitalité : insensé celui qui s’en exclut ! Le bonheur, c’est « être ensemble », suivant l’expression des Apôtres le jour de la Transfiguration. Cela vient de ce que l’homme est à l’image d’un dieu communautaire, la sainte Trinité. De même que le Père, le Fils et le saint Esprit débordent d’amour et de joie, l’être humain a la possibilité de connaître le bonheur, non seulement comme relation interpersonnelle parfaite, mais encore comme communion, union intime, hospitalité mutuelle, sans confusion toutefois. L’amitié, la fraternité, l’amour en Dieu sont à portée de main.

Les passions

Les saints Pères témoignent que ce sont, non pas les circonstances extérieures, mais les passions égoïstes et les péchés développés dans notre cœur, qui nous privent du bonheur. Il dépend ainsi de nous de goûter la béatitude en Dieu. Ceci explique la place de l’ascèse dans l’expérience chrétienne : il s’agit de renoncer à tout ce qui nous empêche d’être heureux ; à tout ce qui nous fait souffrir et par quoi nous faisons souffrir les autres. La convoitise, la jalousie, l’égoïsme sous toutes ses formes, la préférence de soi à autrui, la violence, ne sont pas des fatalités ! Le péché est culturel, il n’est pas naturel, et nos passions sont des énergies détournées de leur but. Le moi psychique tend à se conserver, même au prix de l’existence et de la liberté des autres créatures. Il se prive ainsi de la grâce du saint Esprit.

Le message de l’Ami des hommes

Le Sauveur, pour cette raison, prône la préférence d’autrui à soi. Il donne l’exemple de l’amour sacrificiel dans lequel la personne s’épanouit. Car l’amour élargit l’être humain, il le grandit et le transfigure à la ressemblance du Créateur, l’Amour absolu, inconditionné et sans pouvoir. L’enjeu principal de nos communautés chrétiennes est d’ouvrir l’accès à la table eucharistique : l’agape divino humaine est le sacrement même du bonheur que la personne humaine peut goûter à préférer les autres à soi-même, à vouloir toujours ce qui leur fait plaisir. L’homme connaît le bonheur quand il aime le bonheur des autres, quand il veut la liberté des autres et leur épanouissement. Aussi la forme la plus évoluée du bonheur est-elle la joie pour autrui, expérience par excellence du saint Esprit.

(a.p. Marc-Antoine)
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