Le péché –
C’est un moins dans la vie de l’homme. En français, « pécher par » veut dire, non pas transgresser, mais manquer d’un bien, montrer un défaut, faillir. Le mal n’ayant pas d’existence propre, il est défini comme un moindre bien, un affaiblissement du bien, à la limite la disparition d’un bien, un non bien. Et le seul vrai bien est l’amour.
Sexualité conjointe
Au Paradis, la sexualité a été donnée par Dieu à l’être humain en tant que couple. C’est, ni à l’homme seul ou à la femme seule qu’elle a été confiée, mais aux deux. La sexualité, coordonnée à la fécondité ou expression de la tendresse des époux, est l’héritage des deux, elle est conjointe. Aussi, tout pratique sexuelle solitaire est inférieure à la nature essentielle de la sexualité; c’est un moindre bien que de jouir seul, en dehors de la communion des personnes, comme si cette jouissance appartenait à un être solitaire. Mais Dieu n’a pas créé l’homme solitaire.
Amour de soi-même
L’autoérotisme est l’expression par excellence de l’amour de soi et de l’autosuffisance (cf. Jean-Paul Sartre, « Le Mur »). Or, la tendresse pour soi-même, que les Pères considèrent comme le péché fondamental, est un repli égoïste ou égocentrique, et, une négation de la relation et de la communion interpersonnelles qu’annonce l’image de Dieu en l’homme. En effet, nous sommes créés à l’image de Dieu Père et Fils et saint Esprit, c’est-à-dire selon une image trinitaire, un principe de communion des personnes. Se faire plaisir à soi-même est très inférieur au bien suprême de la communion des personnes; l’autosatisfaction se prive du mystère de la communion. Quand ceci advient dans le cadre du mariage, c’est l’équivalent de l’adultère, qui consiste à disposer seul de ce qui appartient aux deux conjoints. Du reste, des personnes qui ont pris l’habitude de ce comportement narcissique ont souvent du mal à vivre la relation conjugale de façon généreuse.
Gaspillage
Chez l’homme, le plaisir solitaire revient à un gaspillage, ce qu’on appelle l’onanisme, un gâchis des énergies créées, de la précieuse semence porteuse, comme l’ovule, d’humains potentiels. Ceci est bibliquement (Gen. 38,1-11) une souillure, comme l’est le sang versé. Ici encore, le mal est un moindre bien: la semence créée pour la vie est perdue et meurt.
Despotisme du plaisir
Très grave est l’asservissement de l’homme créé libre. L’être humain connaît d’autres formes de dépendance; l’addiction sexuelle, quelle qu’elle soit, est particulièrement difficile à guérir, et c’est un tort d’y inciter de petits enfants dans des cours d’ « éducation sexuelle ». Pourquoi proposer à l’homme moins que ce dont il est capable, quand on peut lui proposer plus? L’inciter à être esclave au lieu de l’inviter à la liberté? – ta sexualité, ton sexe ne sont ni des objets ni des jouets; ils sont saints comme tout ton corps, baptisé et devenu ainsi temple de l’Esprit de Dieu (cf. Kallistos Ware, « Tout ce qui vit est saint », Paris, 2003). La proposition chrétienne est d’associer toujours l’expérience sexuelle à la communion des personnes.