« Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                    « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »              « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! » 

Revisiter les textes de la Semaine sainte

lacene_byzan

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Le problème –

Certains textes lus ou psalmodiés pendant la Semaine sainte, faisant le procès des Juifs enfermés dans une culpabilité globale, et de Judas qu’on exténue d’insultes, suggèrent à l’oreille, non le pardon des offenses, mais la vengeance et l’acharnement à faire payer les crimes. Or, le Christ a dit, du haut de la Croix, « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font ! » L’antisémitisme ou l’antijudaïsme, culturels dans certaines sociétés, ne doit pas trouver à se nourrir de la prière liturgique de l’Église du Christ. De plus, la polémique et l’esprit de vengeance ont gravement coupé les chrétiens de leurs racines.  Certes, on ne fera pas non plus de négationnisme. La grande Semaine est effectivement celle du procès de l’Innocent trahi, de sa condamnation et de son exécution. Mais le Dieu crucifié n’a pas réclamé justice de ceux qui le rejetaient ou le trahissaient.

Valeur normative

Les textes liturgiques n’ont ni la même autorité ni la même valeur normative que la sainte Écriture. Sur l’autel de l’église, on trouve exclusivement le livre du saint Évangile – ni la Bible entière, ni les Psaumes, ni même le livre vénérable de la divine liturgie. Beaucoup des textes qui entrent dans la composition de nos hymnes liturgiques (canons) ont un caractère contextuel difficile à apprécier. Celui-ci permet pourtant de relativiser certaines propositions. D’autre part, entre les traductions françaises actuellement en circulation, il faut vérifier si elles proviennent du même texte grec, tellement les différences sont grandes. Enfin, on se rend compte que, pour le choix des odes du Mercredi au Samedi saints, les usages varient d’une Église locale à l’autre. Certains auteurs de ces tropaires sont de grands écrivains ecclésiastiques. Mais, notre relation filiale aux Pères de l’Église n’est pas servile. Nous ne les considérons pas comme infaillibles : nous ne sommes pas des « patrolâtres » ! Nous avons la liberté de ne pas adhérer aux passages polémiques de certaines homélies de saint Jean Chrysostome, en pensant qu’il avait, pour les prononcer, des motifs qu’il n’aurait peut-être plus de nos jours…

La méthode

Elle consiste à travailler modestement, au plan paroissial, par exemple. Depuis plusieurs années, des membres de l’Église ont demandé la révision des textes de la Semaine sainte, en raison de l’anti judaïsme de plusieurs d’entre eux : il a été suggéré, sans succès encore, que le sujet soit mis à l’ordre du jour du prochain concile panorthodoxe. Le travail, qui est d’actualité, peut débuter grâce à une commission paroissiale, avec la bénédiction de son évêque diocésain : celui-ci est responsable de toute la vie liturgique dans son éparchie. Ensuite, ce groupe peut se livrer à un travail dont le résultat sera longtemps provisoire : omission de certains tropaires ou de certaines expressions (en l’indiquant toujours) ; choix de la meilleure traduction parmi celles qui existent ; reprise de la traduction à partir de l’original ; reformulation de phrases ou d’expressions inappropriées (« certains Juifs » remplaçant, par exemple, « les Juifs » ; « des Pharisiens » au lieu de « les »…).

L’enjeu

Le but du travail de révision des textes liturgiques est de corriger les expressions globalisantes, accusant tout un peuple de la condamnation de Jésus, alors que les Juifs (en Judée et en diaspora) ont adhéré massivement à son enseignement et à sa personne ; on sait également que le Christ a intercédé, du haut de la Croix, pour ceux qui avaient pu l’y mettre, ou l’y faire mettre… Un autre but consiste à dépister les expressions qui se rapportent à l’idée de substitution, selon laquelle l’Israël ancien, sa Loi et ses pratiques, seraient définitivement disqualifiées et remplacées par l’Église. On privilégiera l’interprétation paulinienne qui affirme, au lieu d’une rupture ou d’une rivalité, une continuité organique du judaïsme à l’Église des baptisés, qui est, comme on le sait très bien, l’accomplissement de toute la tradition juive. L’inclusion elle-même des nations fait partie du programme du judaïsme. Jésus Christ enseigne à scruter les Écritures pour y découvrir sa présence (Luc 24, 27) : on ne peut qu’être envahi par un grand respect pour tout ce qui prépare sa venue, dans la Loi et chez les Prophètes.