Les Pères de l’Église n’ont cessé de commenter le mystère de Noël. Ils insistent tantôt sur le mystère de l’Incarnation lui-même : Jésus Christ est vrai Dieu et vrai Homme ; Il est le Dieu Homme, étant devenu homme par la grâce du saint Esprit et la coopération de la Vierge. Tantôt, ils soulignent que la Nativité est la première manifestation du Verbe incarné à son monde ; une première « théophanie » ou « épiphanie », bientôt suivie, liturgiquement, par une autre : le baptême du Dieu-Homme dans le Jourdain, sa présentation au monde, l’attestation du Père et de l’Esprit à son sujet. Mais toute la vie du Verbe sera une succession de théophanies, jusqu’à la Résurrection elle-même et les apparitions qui suivirent.
Saint Grégoire le Grand
Les Pères latins nous ont laissé des recueils d’homélies dont celles qu’ils faisaient dans le cadre de la fête de la Nativité. Par exemple, saint Grégoire le Grand, un évêque très orthodoxe de Rome, écrit : « Il convient que la naissance du Seigneur ait lieu à Bethléem, car Bethléem signifie ‘la maison du pain’. Or Il a dit lui-même : « Je suis le pain vivant descendu du Ciel » (Jn 6, 41). […] Celui qui, d’une nourriture spirituelle, rassasiera un jour l’âme de ses élus devait y paraître revêtu de la chair ».
« Gardons-nous donc de toute souillure d’impureté, puisque, dans la prescience éternelle, nous sommes les sujets de Dieu et les égaux des anges ! Puissions-nous, par notre vie, honorer cette dignité […] ; que notre âme ne se laisse pas mordre par la méchanceté… ni déchirer par le désir des grandeurs du monde, ni enflammer par la colère. Car les hommes ont été appelés des dieux (Ps 82, 6). Ô homme, défends donc en toi, contre les vices, l’honneur de Dieu, puisque c’est pour toi que Dieu s’est fait Homme » (Homélies sur les évangiles, 8)
Saint Grégoire Palamas
L’archevêque de Thessalonique prêche également. « Dieu le Verbe issu de Dieu, s’est dépouillé ineffablement, Il est descendu des hauteurs jusqu’à l’extrême de l’humain, Il le lia à lui indissolublement, Il s’est humilié, comme un vagabond, un sans-abri, un sans-demeure, Il est aujourd’hui enfanté dans une grotte; Il a assumé la même pauvreté que nous ; ainsi des réalités inférieures, Il fit des supérieures, ou plutôt, Il rassembla les deux en un, mêlant l’humanité à la divinité, et montra à tous que la voie qui conduit vers les réalités supérieures est l’humilité […] ».
« Les anges disent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre » (Luc 2, 14) : en effet, à présent, Celui qui demeure dans les lieux très-hauts, le Maître des hauteurs célestes, a pour trône la terre ; Il reçoit sur celle-ci une glorification égale à celle que lui adressent là-haut les saints et les anges »
« « Paix sur la terre »… Cette paix, frères, gardons-là de toute notre force… soyons donc en paix avec Dieu en accomplissant les œuvres qui lui sont agréables… en choisissant un art de vivre accordé à notre conscience… en paix les uns avec les autres, en nous supportant et en nous pardonnant mutuellement… Alors nous aurons notre communauté dans les cieux (Phil.3, 20)… la libération par rapport à la corruption, et la jouissance des biens célestes et éternels, en tant qu’enfants du Père céleste » (Pour la salutaire nativité dans la chair de notre Seigneur, Dieu, et Sauveur Jésus Christ, 58).