La stupéfaction –
Aujourd’hui le Christ ressuscite ! Aujourd’hui, de l’étroitesse du tombeau Il s’élance avec nous dans l’espace de la vie sans limites, et manifeste sa Personne divine. En ce « premier jour de la semaine », nous aussi nous pouvons ressentir comme les femmes apostoliques l’effroi, le tremblement, la stupéfaction et même la peur, terrifiés par ce qui s’est passé et qui est inaccessible à notre intelligence et à nos sens. Comment, en effet, un mort de deux jours a-t-il pu pousser la pierre du tombeau sans l’aide des hommes, même si elle était seulement « roulée » ?
Un vrai cadavre
Personne ne pourrait, de l’intérieur, faire cela et, à plus forte raison, un mort ! Où est-ce qu’un mort a trouvé une telle puissance à vrai dire surhumaine ? Il fallait que ce mort fût vivant ! Ou bien il aurait fallu qu’il ne fût pas mort. Mais tous l’ont vu saigner sur la Croix ; tous savent que le centurion, qui devait l’achever en lui brisant les jambes, n’a pas eu à le faire, « parce qu’Il était déjà mort ». C’est donc un vrai cadavre qui a été déposé au tombeau et qui, de façon incroyable, en est sorti pendant que tous respectaient le sabbat. « Jésus, le Nazaréen, le Crucifié est ressuscité ! » Telle est l’évidence que les saintes femmes reçoivent de la part de l’Ange.
L’évidence de la résurrection
Avant même qu’Il apparaisse corporellement, le Seigneur Jésus envoie par ses messagers l’annonce de sa victoire. Et nous aussi, en ce jour unique et troisième dimanche de Pâques, sans nous enfuir de l’église où est annoncée la Résurrection, recevons de l’Ange, de la hiérarchie céleste qui œuvre dans le Corps du Christ, le divin message. Nous ne le comprenons pas ; il nous stupéfait ; mais il illumine nos esprits et nos cœurs. Simples comme les saintes femmes, nous suivons le Sauveur Jésus Christ par amour ; nous ne comprenons pas tout, mais nous aimons. Par amour, nous venons le matin du premier jour apporter dans l’église-tombeau le parfum de notre prière. L’absence insoutenable de Quelqu’un, de Lui, le Verbe, se mue en présence ; vide vertigineux transfiguré en plénitude ; ténèbre de l’inconnaissance supra céleste mue en évidence angélique. La lumière divine dont la lumière créée est le sacrement transparaît des signes liturgiques.
L’expérience de la Lumière
A nous aussi, un être au-delà de toute couleur annonce la Résurrection. L’évidence intérieure est le germe de la connaissance. « Heureux qui croira sans voir », annonce aux apôtres le Verbe corporellement ressuscité. Sa prophétie s’est réalisée. Sans l’avoir vu, les femmes ont eu l’audace d’annoncer qu’Il vit. Notre connaissance n’est pas d’abord sensible, mais elle le sera ; elle n’est pas d’abord intelligible, mais elle le deviendra. Elle naît d’une lumière qui ne s’impose pas. Le Seigneur est lumière. Le soleil est à peine levé et le tombeau-église est sombre : dans une semi obscurité, se présente avec un charme divin la « Lumière joyeuse de la sainte gloire du Père immortel, Céleste, Saint, Bienheureux, ô Jésus Christ ».
L’apostolicité de l’Église
La forme apostolique de l’Église, porte-voix de ceux qui croient pour avoir été illuminés, répond à la hiérarchie des Incorporels et propage l’expérience des fidèles. « Annoncez aux Apôtres », dit l’Ange. Dites ce que vous avez vu et entendu. Avant d’avoir vu le Ressuscité en chair et en os, ils sauront ce qui s’est passé. Les apparitions corporelles du Christ confirment ce que les fidèles savaient déjà. « Heureux qui croit sans avoir vu ! » Heureux, dont le cœur goûte la lumière incréée transmise par les incorporels. Nous aussi nous disons que notre foi dans le Ressuscité, est née de l’évidence intérieure à notre cœur.