Une nouvelle représentation de la Divinité –
En ce dimanche, nous faisons mémoire à la fois de la guérison du Centurion et des saints Pères du concile œcuménique de Chalcédoine. Ces deux références se rapportent au même fait : par l’Incarnation, le Verbe a renouvelé l’image que l’homme peut se faire de la Divinité. Tout particulièrement en ce temps de Pentecôte, l’Esprit nous invite à vérifier nos représentations mentales : Jésus Christ restaure l’image de l’homme, en étant l’homme parfait et accompli, l’Adam totalement ressemblant à l’image dont Il est le sceau ; mais Il restaure également l’image que l’homme se fait de Dieu.
Un dieu qui s’émerveille
Dimanche dernier déjà, dans l’évangile du Lys des champs, le Sauveur manifestait une divinité qui s’émerveille de ses créatures et qui nous invite à la suivre dans cette contemplation. Aujourd’hui, de même, Dieu exprime son admiration devant la foi de l’homme. Voici la grande et bonne nouvelle, le renouveau de notre représentation de la Divinité : notre dieu est un dieu qui s’émerveille ! Il est un dieu qui s’étonne de sa propre créature. Celle-ci lui apparaît sous un jour nouveau. L’humanité vieillie dans le péché et les passions sub humaines se voit regardée d’un œil toujours neuf. Notre dieu est un dieu qui se laisse surprendre par la beauté, l’intelligence, la foi et la pureté de sa créature humaine.
Le cri de joie du Créateur
Dès les paroles de la Genèse nous entendons le cri divin d’admiration devant les créatures : comme c’est beau ! Comme c’est bon ! Comme c’est vrai !, s’exclame le Père par la voix du Verbe et la grâce de l’Esprit. Le Créateur se reconnaît dans la nouveauté de ses créatures ; Il se laisse surprendre par la beauté d’une rencontre. « Jésus fut dans l’admiration », rapporte le saint évangéliste Matthieu. Cela nous fait rêver… Comment moi, un être humain, le dernier ou le premier des pécheurs, indigne que je suis ou que je me trouve, puis-je être l’objet de l’admiration, de l’étonnement et de l’émerveillement de mon créateur ? Notre dieu est un dieu qui s’émerveille ! L’émerveillement est le signe du divin.
La Joie Pour Autrui
La joie pour autrui est un symptôme du Trois-fois-saint. Dans la communion divine, le Père s’émerveille du Fils, l’Esprit s’émerveille du Fils et du Père et de leur amour, le Fils s’émerveille du Père et de l’Esprit et de leur fécondité. Cet émerveillement intra divin s’ouvre à la créature. Le Seigneur se laisse bouleverser par la beauté de son âme à la foi si pure. David le dit dans son psaume : « le Roi s’éprend de ta beauté » (Ps 44). Les Pères des conciles œcuméniques ont magnifié le fait que Dieu en se faisant homme a transfiguré l’homme à son image. Mais la transfiguration a sa source dans le regard, ce regard divin que le Créateur porte sur sa créature.
Le sens de l’ascèse
Pour nous, c’est vraiment le Salut : être l’objet de l’émerveillement de son dieu ! Être aimé pour le meilleur de soi-même, pour cette beauté qui est dans le tréfonds de notre être, à notre insu même. Voilà ce qui peut nous sauver de l’enfer et du désespoir : mon Seigneur a été saisi par ma beauté et par ma foi en lui ! Voilà le motif de notre ascèse en ce temps de Pentecôte : chercher à surprendre notre créateur et à provoquer son émerveillement ; nous exercer à être la joie de notre Maître et Seigneur !