Quand on voit l’état de l’humanité… –
L’amour de Dieu pour l’homme est paradoxal. Il ne l’abandonne pas, quelles que soient les apparences… Il aime en l’homme le sceau de sa propre image, c’est-à-dire la liberté, sa liberté divine donnée à l’homme et devenue pour celui-ci liberté humaine ; comme Il donne son souffle devenu pour l’homme son propre esprit. Il aime l’homme comme lui-même, accomplissant à son égard son propre commandement. L’homme est le prochain de Dieu.
Qu’en savons-nous ?
La sainte Écriture et la tradition liturgique ne parlent que de cela. Ainsi, nous connaissons l’amour de Dieu d’abord par ouï-dire : les prophètes (Isaïe), les psaumes (135), le saint Évangile (Jean 13, 1), les lettres des apôtres (1 Jean 2, 5 ; 3,1 ; 3, 16 ; 4, 16, etc.), le témoignage des saints (saint Macaire, saint Nicolas Cabasilas, saint Silouane) : « le Seigneur et l’Artisan de l’entière création, dans l’ineffable tendresse de son cœur et l’amour unique dont Il chérit le genre humain, voyant déchu l’ouvrage de ses mains, ému de pitié, a bien voulu le relever en s’abaissant lui-même pour rendre plus divine sa création, car Il est bon par nature et compatissant… » (ikos du 20 novembre).
La constatation des faits
Nous apprenons, c’est peut-être l’essentiel de l’ascèse chrétienne, à voir en tout l’amour de Dieu, soit triomphant, soit humilié (cf. Isaïe 53). Il triomphe dans la beauté de la création et sa manifestation par des œuvres de bien accomplies par ses serviteurs ; il est présent en tout être humilié et ne cesse pas d’être amour. Il se glorifie ainsi à la fois dans sa gloire et dans son abaissement. Nous interprétons également des inspirations secrètes, des événements extérieurs, des rencontres providentielles, l’exaucement de la prière, la joie pour le bonheur d’autrui, les épreuves salutaires elles-mêmes, comme manifestations de l’amour de Dieu pour nous. Ainsi, un homme qui s’apprêtait à satisfaire sa passion et à commettre le mal, en est empêché par la maladie ou par une collision sur la route : le Seigneur s’est interposé par ses anges afin que cette âme n’aille pas à sa perte.
Le sentiment du cœur
L’être humain a la capacité de connaître par le saint Esprit l’amour de Dieu dans son for intérieur. Ceci s’explique par la présence du sceau de l’image divine, par celle de l’esprit initial insufflé en lui, par la grâce du saint baptême, par la communion au Christ dans son corps et son sang, par la foi en lui. Le simple fait que nous croyions en lui est une manifestation de son amour pour nous.
Une autre expérience est celle du repentir : le Seigneur nous manifeste son amour en nous montrant nos péchés : ce qui nous sépare de lui et de la jouissance de son amour. Il illumine ainsi nos ténèbres intérieures, et nous fait éprouver la douleur de nous être éloignés de lui. Il nous donne également d’aimer, non seulement lui-même, mais le prochain, et même nos ennemis. Que le cœur humain puisse aimer à ce point est une preuve de l’amour que Dieu a pour lui. Pourquoi ? Dieu seul est amour et source de l’amour : si nous ressentons de l’amour, c’est que Dieu, par amour, s’est communiqué à nous et a fait sa demeure en nous.
Le pardon
Il est la manifestation par excellence de l’amour de Dieu pour nous, parce qu’il est, non seulement la rémission des péchés, mais encore la communication de la grâce du saint Esprit. Dans pardon il y a « don » : qu’est-ce que nous donne le Christ si ce n’est le saint Esprit par lequel nous pouvons faire la volonté du Père et en éprouver l’allégresse des saints.