Le Dieu trinitaire n’est pas une invention doctrinale des chrétiens. Ce n’est, d’ailleurs, ni une invention ni une doctrine. Voici comment répond à la question Christos Yannaras.
L’expérience historique –
« Le Dieu de l’Église est le Dieu de l’expérience historique, non pas le Dieu des hypothèses théoriques et des raisonnements abstraits. Également, l’expérience de l’Église, précisément, nous assure que le Dieu qui se révèle dans l’Histoire n’est pas une Existence solitaire, une Monade autonome ni une Essence individuelle. Il est une Trinité d’Hypostases – Trois Personnes ayant une complète altérité existentielle, mais également une communauté d’Essence, de Volonté et d’Énergie. »
La première Alliance
« Dans la tradition d’Israël, telle qu’elle est consignée dans les livres de l’Ancien Testament, nous trouvons manifestement des expressions anticipées et des préfigurations de la vérité concernant le Dieu trinitaire. Dans le récit de la création du monde, alors que tout est accompli par la seule parole de Dieu – son commandement créateur -, la décision de créer l’homme est, de façon inattendue, exprimée au pluriel, expression de la volonté commune de plusieurs personnes : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ». Et, lorsque Abraham rencontre Dieu près du chêne de Mambré, il a devant lui trois hommes, mais il les interpelle comme s’ils n’étaient qu’un : « Dieu lui apparut au chêne de Mambré, tandis qu’il était assis à l’entrée de sa tente, au plus chaud de jour. Ayant levé les yeux, voilà qu’il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui ; dès qu’il les vit, il courut de l’entrée de sa tente à leur rencontre et se prosterna à terre. Il dit : Monseigneur, je t’en prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux […] » (Gn 18, 1-3)
Le Testament renouvelé
« Ces images et ces expressions anticipées deviennent une révélation historique immédiate dans l’espace du Nouveau Testament. Les disciples écoutent le Christ leur parler de Dieu, son Père, et de l’Esprit de Dieu, le Paraclet. Trois d’entre eux, Pierre, Jacques et Jean, sont jugés dignes d’entendre la voix de Dieu le Père sur le mont Thabor, et de se trouver dans la ténèbre lumineuse de la présence de l’Esprit. De même, Jean le Précurseur et ses propres disciples, au moment où le Christ est baptisé dans le Jourdain, entendent la voix du Père leur confirmer la filiation de Jésus et voient l’Esprit descendre sur le baptisé, comme le battement d’ailes d’un oiseau blanc, comme une colombe.
Des expériences sensibles
« Il s’agit là d’expériences de présence à caractère sensible et immédiat, sans cependant la limitation inhérente à la forme de l’objectif et de l’individuel. C’est pourquoi elles ne peuvent être exprimées que par des images : la voix comme un coup de tonnerre venant du ciel (Jn 12, 27), la descente de l’Esprit comme si les cieux s’ouvraient, se déchiraient (Mt 3, 16 ; Mc 1, 10) ou comme une nuée lumineuse qui recouvre entièrement les disciples (Mt 17, 5 ; Mc 9, 7 ; Lc 9, 34), ou encore comme un violent coup de vent et comme des langues de feu qui se posent sur la tête de chacun d’eux (Ac 2, 2-3)
La première Église
« La recension des expériences et de la prédication de la première communauté apostolique préservera parallèlement l’enseignement du Christ sur la vérité de la Divinité trinitaire.»