L’absolution –
On peut se confesser par correspondance et le fait que nous reconnaissions nos fautes nous ouvre au pardon que le Seigneur tient toujours à notre disposition. Dès que possible toutefois, il est sage de recevoir l’absolution par le ministère d’un prêtre, ne serait-ce que par respect pour ce que le Christ a institué, et pour reconnaître en sa présence objective ce qu’Il connaît mieux que nous.
La grâce du repentir –
Avec l’absolution, il y a, selon les Pères orthodoxes, la démarche indispensable du repentir. Par elle, on acquiert la haine du péché, particulièrement de ce qu’on a commis, ainsi que l’aspiration à une véritable conversion, à une transformation de notre vie par l’union intime au Christ. Nous nous écrions : « comment, moi, ai-je pu accomplir des actions aussi épouvantables, sans vraiment y penser », cela marque le début du repentir. Comment ai-je pu faire cela, dire cela, penser cela ? Par cette interrogation, nous commençons à dissocier notre personne – le sujet qui précisément se pose ces questions – des fautes qu’elle a commises et qu’elle reconnaît. La personne est plus grande que le mal, ou même le bien, qu’elle fait. Elle découvre que, consciemment ou inconsciemment, elle a vécu en se passant de Dieu, en développant « un sentiment de toute-puissance » … surtout si on n’a jamais appris à reconnaître certaines limites. Elle se découvre sans foi ni loi, non seulement immorale, mais proprement amorale. Par la chute, Adam a perdu la connaissance du bien et du mal.
La conscience du bien et de mal
Nous pouvons effacer les faux plis que nous avons pris et gardés toute notre vie. La vie en Christ est une longue conversion, une quotidienne rééducation. Comme le Fils prodigue, nous n’avions aucun sentiment de bien et de mal ; nous n’avions pas la conscience de nous être éloignés du Père, Source de tout bien. Nous étions pécheurs, inconsciemment et par ignorance. Qu’est-ce qui nous fait nous retourner ? – L’Esprit saint nous donne le désir de changer ; la loi des hommes et celle de Dieu nous fait découvrir qu’il y a des interdits ; l’expérience de l’isolement, par exemple la prison, ou l’hôpital, modifie notre conscience… Mais seul l’amour pour le Christ et, par lui, pour le Père, amour inspiré par l’Esprit, peut nous donner l’énergie divine dont nous avons besoin pour nous mettre en route vers le Royaume.
« Suis-moi ! »
Il s’agit, non d’acquérir une « moralité », mais de connaître le Christ : de cette connaissance personnelle se déduira naturellement le chemin du bien. « Je suis la Voie », dit le Christ. Si je me greffe à lui par un amour sincère pour sa personne et pour son enseignement, je prendrai facilement la voie qui conduit à lui et de lui au Père. Je ne serai pas un être moral par moralisme. Je vivrai selon la sagesse de Dieu parce que Lui-même, par son saint Esprit agira en moi.
Se mettre en route
Essayons, sur la base de la prière fréquente et surtout sincère, par la lecture quotidienne du saint Évangile, de voir comment nous pouvons appliquer les commandements du Christ autour de nous, chaque jour, telle que la vie se présente : l’amour de Dieu et du prochain au quotidien… Et confessons fréquemment toute nouvelle chute, toute pensée pécheresse, tout péché non confessé encore, de façon à maintenir ouvert – comme les chirurgiens placent un écarteur dans la plaie – l’espace que nous avons commencé à creuser entre nos péchés et nous-mêmes, c’est-à-dire notre personne qui aspire à la vie nouvelle.
Le changement pour l’être humain, le vrai changement, n’est possible que par la grâce du saint Esprit, que donne le Christ à ceux qui la lui demandent. Cela dépasse une démarche seulement psychologique, même si celle-ci peut aider un peu ; mais qui nous parlera de l’amour du Christ et de la vie en lui ? Qui nous donnera le goût suave de cette vie nouvelle, celle des pécheurs convertis ? Une lecture bien utile est celle de Crime et châtiment, de Dostoïevski…