La foi chrétienne –
La question peut être retournée : pourquoi ne pas parler aux enfants de la mort ? Pourquoi ne leur en parle-t-on pas ? Pourquoi laisse-t-on d’autres leur en parler ? Pourquoi les laisse-t-on s’égarer dans des histoires de sorcières et de revenants ? Ne sommes-nous pas chrétiens ? Avons-nous tellement peur de la mort ? Mais, la puissance et le pouvoir de la mort n’ont-ils pas été vaincus ? Le Christ n’a-t-Il pas terrassé la mort par sa propre mort ? Et l’Église n’est-elle pas la gestionnaire de la mort et de la vie ?
Parler des défunts, ces vivants
Ce qui est occulté est pathogène. Cacher la mort est anxiogène. L’angoisse de la mort se traite et se guérit par une parole claire ; par la louange du Christ ressuscité ; par la réponse aux questions des enfants sur la base de la Tradition des Apôtres et des Pères ; par la célébration des offices de l’Église, si remplis d’enseignement et d’espoir. Par la visite fréquente au lieu du repos de nos défunts, les mains chargées d’offrandes en fleurs, en pains et en fruits. Nous développons ainsi la relation d’amour avec les défunts. Nous apprenons, sinon à leur parler, du moins à parler d’eux au Seigneur. Et nous commençons par parler aux enfants des défunts, ces personnes invisiblement présentes dans notre vie.
Répondre aux questions
Les enfants ont des questions sur la mort et les morts. Ils ne peuvent presque jamais les poser. Ils ont souvent l’impression qu’il est interdit de parler de ces sujets. Les grandes personnes n’en parlent pas. L’enfant sent qu’elles sont gênées et ne savent pas quoi dire. La catéchèse paroissiale a toute son importance, non seulement pour les enfants mais pour les parents. Il s’agit de se mettre au courant de ce qu’est la foi de l’Église. La catéchèse ne remplace pas les offices, mais elle permet de libérer la conscience et de dévoiler toutes les conséquences de la Résurrection. Dès Noël, la présence du Verbe incarné dans le monde signifie que le pouvoir de la mort – sa fascination et la peur qu’elle provoque – est vaincu. Mais le chrétien ne vit pas toujours à la hauteur du message.
L’importance de la beauté
Le discours n’est pas tout. L’action compte souvent davantage. La première action est la prière de foi. Nos enfants apprendront à prier pour les défunts les plus proches ainsi que pour ceux dont ils entendent parler autour d’eux. Pour la visite au cimetière (« lieu du repos ») on choisira une journée ensoleillée et on mettra de la beauté par les fleurs, les cierges, le parfum de l’encens, la qualité des chants, les lumières posées sur la tombe. Celle-ci pourra être nettoyée et embellie avec les enfants. Un geste juste, au service de la beauté, exprime autant qu’une parole. La beauté dit ce qui est bon et vrai. C’est particulièrement dans la Semaine radieuse, qui suit la Résurrection, qu’on ira au cimetière, chanter notre foi et apporter les œufs de couleur qui signifient la vie.
La culture de la vie
A la maison, la présence invisible des défunts est signalée par leurs noms sur les diptyques posés près des icônes, de l’Évangile et de la Croix. L’ « angle de beauté », comme on appelle le petit coin de prière domestique, est un lieu de rendez-vous pour la prière. Quelquefois on y trouve des photos des défunts. L’important est de s’y réunir aux moments opportuns et d’y prier, c’est-à-dire de parler avec amour et foi des défunts au Seigneur. La table du repas n’est pas loin : on y partagera les bonnes choses qui ont été préparées en faisant mémoire des défunts de la famille et du monde entier. Nous ferons mémoire ensemble des défunts, car les oublier serait les faire mourir un peu plus. La vie dans l’Église est une culture de la vie.