Solidarité avec les martyrs
Tous les chrétiens entrent en Carême, par le jeûne, le repentir et la prière – vaste manifestation planétaire, deuil mondial, sous la bannière : « Je suis chrétien ! » Pendant 40 jours, nous allons le dire, solidaires des nouveaux martyrs, ces brebis d’abattoir qu’on égorge pour la foi. Saints et victorieux martyrs Milad, Abanub, Maged, Yusuf, Kirollos, Bishoy, Somaily, Malak, Tawadros, Girgis, Mina, Hany, Bishoy, Samuel, Ezat, Loqa, Gaber, Esam, Malak, Sameh et l’ouvrier anonyme, priez Dieu pour nous ! Assassinés pour l’Évangile, nous sommes avec vous : « Je suis chrétien ! » Je porte la croix dans le monde ; je l’arbore sur mon église, sur ma maison, dans ma voiture : « Je suis chrétien » ! Je défile en esprit avec des milliards de témoins sur toute la face de la terre pour dire Non à la persécution des croyants, pour ne pas abandonner le Christ au Calvaire ; pour dire Oui à la foi et aux commandements du Sauveur, pour rendre hommage aux assassinés du 18 février, et à tous les autres immolés, parce qu’ils étaient chrétiens…
Avec les victimes du cynisme
« Je suis chrétien », solidaire également des âmes assassinées dans nos pays de consumérisme. Sous nos yeux, dans les rues de nos grandes villes, l’affiche du « 1er site des rencontres extraconjugales », est exhibée, à l’arrière des autobus, par un service public de transports urbains ! Toutes les grandes surfaces nous demandent, pour des raisons commerciales, si nous avons « la carte de fidélité » : on promeut ici, pour les mêmes raisons, l’infidélité. Celle-ci, selon cette entreprise, « est dans l’air du temps. Aussi, notre parti pris est d’ancrer la nouvelle identité [de notre marque] au cœur même de la notion d’infidélité : le mariage ». Quand l’impudence et le cynisme sont soutenus par les Institutions, la République, dont l’article 212 du Code civil dit que « les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance », est en état d’autodestruction. Il est suicidaire pour une société de saper les bases qui la fondent, en l’occurrence le mariage et la famille. « Je suis chrétien » : je défile en esprit pour dire Non à ce qui fait du mal à l’être humain, à ce qui atomise la société, à ce qui conduit à la mort.
Le repentir
Plus fort que les pétitions ou les parades de rue, « Je suis chrétien » est la bannière de tous ceux qui, en ce temps de Carême, entrent dans le repentir, dans le jeûne et la prière. Innombrable manifestation des silencieux en faveur des âmes qu’on égorge quand, dans d’autres régions du globe, ce sont les corps que l’on saigne. Le repentir se désolidarise du péché, et connaît la haine de ce qui sépare l’homme de Dieu, et l’homme de l’homme. « Je suis chrétien » n’annonce pas seulement que je suis là, que ce que l’on fait à d’autres, c’est à moi qu’on le fait, directement ou indirectement. Les prophètes anciens de notre Israël dénonçaient la corruption, la compromission, l’idolâtrie qui menacent la survie du peuple de Dieu.
L’appel de l’Esprit
Les grands hiérarques, les Chrysostome ou les Ambroise de Milan, dénonçaient l’exploitation des faibles et les tortures infligées aux saints. « Je suis chrétien » dénonce, non pas les personnes, mais les fautes, l’injustice, la violence et la perversion organisées, la torture et le meurtre légalisés. Mais le Christ Seigneur ne s’est pas contenté de dénoncer les erreurs : Il est monté sur la Croix pour ceux dont Il stigmatisait les fautes. Le chrétien entre dans le jeûne et le repentir pour le monde. Mais, il se met également, comme le Christ lui-même, au rang des pécheurs : je n’ai pas fait cela ; mais j’aurais pu le faire. « Je suis chrétien » s’articule en « Je suis pécheur ! » Que tous les chrétiens du monde entrent ensemble dans le jeûne et la prière ! – tel est l’appel de l’Esprit, la réponse à toute méchanceté, à toute cruauté, à toute corruption.
Victoire de l’humilité
Les saints et les martyrs sont victorieux, non par un moralisme hypocrite, mais par l’humilité, solidaires des pécheurs, des assassins et des cyniques pervers dont la place est réservée dans les tourments sans fin. Torturés d’un côté du globe par des couteaux, et, de l’autre, par la promesse de plaisirs sans fin, face à l’impunité de leurs tortionnaires, ils sont vainqueurs par la fidélité : rien ne saurait les séparer du Christ. (Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie », 22 février 2015)