Suite à la 23e conférence de l’ONU sur le climat (COP23) à Bonn, 15 000 scientifiques de 184 pays ont donné l’alerte, lundi 14 novembre dans la revue BioScience, sur le risque de déstabilisation de notre planète.
Des scientifiques du monde entier demandent des actions urgentes pour la planète, touchée notamment par le dérèglement climatique et la sécheresse ( illustration dans les Côtes d’Armor en septembre 2016) (MAXPPP)
Ça n’était pas arrivé depuis 25 ans. En 1992, pour le sommet de la Terre à Rio, 1 700 scientifiques avaient alerté sur l’état de la planète. Cette fois, ils sont 15 000, de 184 pays, à avoir signé lundi 14 novembre un appel dans la revue BioScience pour dire que bientôt il sera trop tard. Cet appel a résonné dans les couloirs de la Conférence internationale sur le climat, qui se tient à Bonn jusqu’à vendredi.
Les auteurs de cet appel estiment que les indicateurs ne sont plus au rouge, mais au rouge écarlate. Même les émissions mondiales de gaz à effet sont reparties à la hausse depuis la COP21, alors qu’elles s’étaient stabilisées. Ce recul, chiffré par une étude publiée en marge de la COP23, inquiète particulièrement le climatologue Jean Jouzel. La hausse va se situer à 2 % en 2017, explique le scientifique : « Ce sont des chiffres provisoires, mais qui sont très clairs ».
Le charbon recule, mais c’est à la fois le pétrole, le gaz et le ciment qui contribuent à cette augmentation, plus importante que la diminution liée au charbon.
Jean Jouzel, climatologue à franceinfo
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L’un des artisans de l’appel, Guillaume Chapron, estime qu’il ne reste que peu de temps pour agir. Ce maître de conférences en écologie à l’université de Suède met l’accent sur les effets durables du réchauffement du climat.
Le changement climatique, ce n’est pas forcément qu’il va faire plus chaud en hiver, et qu’on va bronzer plus vite en été. C’est une perturbation dramatique qui risque de durer des milliers d’années fondamentales sur le système climat de la Terre.
Guillaume Chapron, université de Suède à franceinfo
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Au-delà du dérèglement climatique, les scientifiques s’inquiètent aussi de la pollution des sols, de la division par deux de la ressource en eau par habitant et de la perte de biodiversité. Franck Courchamp, directeur de recherche au CNRS, donne l’exemple des insectes volants, dont 80 %, dit-il, ont disparu en 20 ans. « C’est quelque chose d’énorme puisque les insectes sont à la base de quasiment tous les écosystèmes terrestres. » Le scientifique illustre aussi l’urgence d’agir en matière environnementale en mettant en avant le cas des grandes espèces de mammifères.
Le lion, le tigre, l’éléphant, la girafe sont eux aussi en train de décliner à des taux très inquiétants et sans que les gens réalisent vraiment cette situation.
Franck Courchamp, CNRS à franceinfo
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En lançant un avertissement face à la dégradation de la planète, les scientifiques ne veulent pas dire qu’il est trop tard, mais qu’il faut rapidement changer de modèle économique pour préserver les ressources naturelles. Ils proposent également de fixer un seuil limite de la population mondiale. Un tabou jusqu’à présent dans les discussions politiques internationales.