Dans une église orthodoxe
Les « saints mystères » doivent être célébrés dans une église aménagée de façon traditionnelle et consacrée par l’Évêque. Par « économie », la divine liturgie, le baptême, le couronnement, l’ordination ou « chirotonie », l’onction des malades, peuvent être officiés dans un lieu aménagé (salle, église prêtée, maison, voire en plein air !), quand il n’y a pas d’autre solution, et avec la bénédiction de l’Évêque. Pourquoi ?
Valeur canonique
Tout ce qui se fait dans l’Église, et donc dans une église, se fait sous la responsabilité épiscopale. C’est l’Évêque, responsable devant Dieu et devant le Saint-Synode, qui signe l’ « antimis », ou corporal, posé sur l’autel. C’est lui qui envoie le prêtre officier ponctuellement ou desservir régulièrement un lieu de culte. C’est lui qui a béni et oint l’autel et les murs, ainsi que les montants de l’iconostase. Ce lieu est un lieu consacré, il ne sert à rien d’autre qu’à la prière ; il est le siège de la validité des actes sacramentels que le Christ accomplit par le ministère de ses prêtres et de son peuple.
Dimension ecclésiale
Les sacrements sont ceux de l’Église universelle, dont la paroisse locale est l’expression. Aussi doivent-ils être accomplis au sein d’une communauté, avec sa participation active, et non par un officiant solitaire dans un espace « polyvalent ». Les fidèles sont des acteurs liturgiques effectifs, des co-célébrants, en leur qualité de membres de l’assemblée sacerdotale des baptisés. Ils attestent par l’Amen la validité des actes sacramentels accomplis parmi eux et avec eux. Le prêtre est celui qui préside cette assemblée. Le sacrement est un acte ecclésial, et son accomplissement dans une église consacrée le signifie. Du reste, les réponses liturgiques, dites « recto tono » ou, mieux, chantées, sont indispensables à la vérité sacramentelle. La réalité d’un sacrement est, non pas de nature juridique, mais d’essence divino humaine et mystique. Elle exige la confession de la foi juste et l’engagement entier de tous les célébrants. Les bénéficiaires eux-mêmes des saints mystères (époux, malades, baptisés, ordinands…) ne sont pas passifs : ils sont également des acteurs, et leurs parrains ou témoins sont membres de l’Église pour pouvoir attester par le saint Esprit la vérité des actes accomplis.
Cohérence liturgique
Une église orthodoxe, par son architecture et par le programme iconographique qui transfigure ses murs et l’espace liturgique tout entier, exprime la foi traditionnelle des saints Pères. L’icône, la fresque, la peinture murale, la structure de l’espace consacré à la célébration (narthex, nef, sanctuaire) confessent la théologie orthodoxe. Les sacrements qui y sont accomplis sont, dans le rituel, les prières, les lectures bibliques, le gestuel, cohérents avec ce langage iconographique. Par exemple, avant de commencer l’office, le prêtre ou le diacre encensent toute l’église, du sanctuaire à tout le pourtour de la nef : ils rendent ainsi hommage au Christ, à la Mère de Dieu, aux saints qui sont acteurs invisibles de l’action liturgique et sacramentelle. En procédant à ce geste homagial, ils entourent l’ensemble de l’assemblée constituée par la présence de ses membres, puis, personnellement, chacun des célébrants : l’Évêque, le Prêtre et chacun des baptisés. Ils désignent ainsi l’unité visible et invisible du corps sacerdotal confesseur de la vraie foi.