« Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                    « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »              « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! » 

Mérite-t-on la grâce ?

St Siméon le théologien

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Non –

Comme son nom l’indique la grâce est gratuite. Sa valeur est inappréciable. Elle est précieuse. Elle n’a pas de prix. Elle ne se vend pas. Elle ne s’achète pas. Elle est grâce ! Elle est le trésor du saint Esprit. Elle n’est causée par rien, conditionnée par rien ni par personne. Elle ne cause rien non plus. Elle n’est déterminée par rien et elle ne détermine rien ni personne. Elle est incompréhensible parce qu’elle est sans cause. Elle ne se mérite pas. Elle n’est pas donnée en échange de quoi que ce soit. Elle n’est pas le produit ou le résultat, ou la récompense, d’un effort humain, d’une vertu morale, d’une ascèse, d’une prière, d’un rite, d’un sacrement. La langue française possède un magnifique champ lexical : grâce, gracieux, gratuit, gracier, gratitude, gratifier… La grâce se rapporte au don sans ombre que l’on fait par amour. Et, dans ce sens, comme l’on dit certains saints, tout est grâce, tout est don, tout est cadeau. Même la mort ? Même la souffrance ? Oui : pour les saints, tout est grâce ; la mort est légère parce qu’elle a été mise à mort, elle ne pèse plus rien ; la souffrance des saints est légère, parce qu’elle est sans passion, et parce qu’elle est le lieu du plus grand amour.

Incréée

La grâce n’est pas créée. Elle n’est pas une créature. Elle sourd de Dieu lui-même. Elle est communiquée par le saint Esprit mais elle ne peut avoir sa source que dans le Père, car il n’y a qu’une source en Dieu. La Source est unique, comme le Fils est unique, comme l’Esprit est unique. Mais la grâce est foisonnante et multiple, innombrable et sans mesure ni limite. Les saints Pères (Grégoire Palamas, par exemple) l’appellent énergie divine ou énergie incréée. Et c’est parce qu’elle n’est pas une créature qu’elle ne peut être causée ni mesurée par quoi que ce soit ou qui que ce soit. Ce qui est de Dieu est sans cause. Ce qui est de Dieu est sans mesure et sans raison. Dieu est Raison et Logos suprême, mais Il est sans raison, c’est pourquoi Il est incompréhensible, insaisissable et ineffable.

Légère

La grâce, étant divine, est pure légèreté de l’être. Elle est un souffle, une fluidité, une facilité. Elle inspire l’élan, la motion spirituelle, l’adoration, la tendresse, le dépouillement de soi, la préférence d’autrui à soi. Elle fleurit sur l’arbre de vie qui est à la fois l’arbre de la connaissance : l’arbre de la Croix. Légère comme une danse, musique « graciozo », elle frôle la terre de ses pas immatériels. Elle est pourtant sensible, perceptible, expérimentale, selon saint Siméon le Nouveau Théologien : tu la ressens, tu la palpes, elle t’envahit, elle te repose, elle te console, elle est si douce – un air que brassent les anges. La grâce est encore une transparence aux créatures et, surtout, aux personnes : une lumière à travers laquelle tu contemples la personne de Dieu et la personne du prochain. Elle est cette lumière venue par Celui qui est Lumière, le Fils de Dieu, le Christ, qui nous la fait goûter en plénitude, « grâce sur grâce » (Jean 1, 16). La grâce rend la Croix, et nos croix, légères, c’est le joug « doux et léger » dont parle le Sauveur : le joug de la Loi, c’est-à-dire de la volonté du Père, est léger grâce à la grâce !

Et pourtant

La grâce est la couronne qui descend sur l’offrande des hommes, le salaire des ouvriers de la Vigne. Ils ont travaillé gratuitement et ils sont rétribués gracieusement. Elle descend sur la Croix de Jésus et sur chacune de nos croix. Sans être ni une récompense, ni un salaire selon le monde, ni un résultat, celui qui donne tout son cœur à Dieu et au prochain en est « gratifié ». Toute l’ascèse, tout le combat spirituel, toute la prière, toute l’aumône, tout l’amour des pauvres et des souffrants, toute la foi, tout ce qui est fait par amour de Dieu et du prochain aimé comme soi-même, peut recevoir, gratuitement, sans mérite, sans magie, sans obligation, sans automatisme, sans causalité, la couronne de la facilité et de la transparence. L’apôtre Paul (2 Ti 4, 8) parle de cette couronne des vainqueurs, et l’Apocalypse (2, 10) également.

Tout est épiclèse

Nous offrons à Dieu le  meilleur de nous-mêmes et nous le supplions d’envoyer la grâce de son Esprit très saint et très bon, et d’envoyer même l’Esprit en personne sur nos dons et nos offrandes pour les consacrer et les sanctifier. La grâce consacre et sanctifie l’offrande de ceux qui offrent et s’offrent d’un cœur pur. Les Béatitudes ne disent rien d’autre. Aussi notre part est-elle de présenter à Dieu un sacrifice agréable ; de le supplier inlassablement d’envoyer sa grâce sur nos offrandes, sur notre prochain et sur nous-mêmes, et sur son monde entier. Dieu attend de nous notre offrande comme nous attendons la sienne. La relation de l’effort humain et de la grâce divine se définit comme synergie, rencontre de la volonté humaine et de la volonté divine, de la liberté divine et de la liberté humaine. Et en tout, la grâce demeure liberté : elle appartient à l’Esprit par lequel le Fils règne au Nom du Père dans la liberté.