Universalité –
L’image du banquet est fréquemment employée dans la Bible. Le prophète Isaïe annonce que, à la fin des temps, « Dieu préparera pour tous les peuples un festin » extraordinaire (Is 25, 6 ; 65, 13). Le message selon lequel tous, ou en tout cas, « beaucoup », sont invités par le Maître du ciel et de la terre est merveilleusement encourageant. Il éclaire le temps où nous nous trouvons, celui du carême de Noël, de l’Avent. L’Esprit saint nous indique que le Seigneur est venu dans son peuple et dans son monde pour organiser une telle fête. Un banquet nuptial se prépare, non seulement pour la fin des temps, mais pour maintenant : « tout est prêt », dit le Maître. À table ! Et la divine liturgie, qui est le banquet par excellence de la Sagesse et Verbe de Dieu, est un appel à se nourrir et à s’abreuver : « avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez ! ».
L’invitation permanente
L’Église est une invitation continuelle à se réjouir en Dieu, à entrer dans la joie de son Maître. Le but principal de Dieu en appelant l’homme du non être à l’être est de le faire participer à sa jubilation d’exister. L’appel à la communion avec Dieu est le sens même de la création du ciel et de la terre et de tous les êtres visibles et invisibles. L’Incarnation même du Verbe, et sa naissance glorieuse et humble à Bethléem, culminent quand l’homme se nourrit de cette Parole faite homme. Dieu s’est fait chair et s’est fait homme pour être savouré par l’homme : « Goûtez combien le Seigneur est bon », dit le psaume (31).
Le contenu du Banquet
Le plat principal de ce festin de noces, de ce repas eschatologique, de ce banquet de chaque jour, est le Seigneur lui-même ! Venez à ma table, dit le Vigneron, buvez de ma vigne et mangez de ma chair, pour avoir en partage la vie éternelle. Et nous tous, nous préparons l’agape de Noël ; nous préparons nos repas de famille pour les fêtes qui approchent : n’oublions jamais que la plus goûteuse agape est préparée par Dieu lui-même avec son propre corps et son propre sang. N’oublions pas que la Parole est comestible, assimilable ; qu’elle pénètre dans les profondeurs de notre âme et de notre corps ; qu’elle s’inscrit dans notre mémoire ; qu’elle se fait nôtre pour nous faire sienne.
La déification de l’homme
Saint Nicolas Cabasilas le dit : quand nous buvons et mangeons le corps et le sang de notre Dieu, Celui-ci ne se transforme pas seulement en nous, comme le fait n’importe quel aliment : Il nous métamorphose en lui-même et nous déifie ! Encore faut-il, avertit l’évangile de ce jour, que nous répondions à l’invitation, que nous ne crachions pas dans la soupe. L’ingratitude est le plus grand péché. C’est par elle, dit un proverbe juif, que l’homme perdit le Paradis ; c’est à cause d’elle qu’il ne le retrouve pas ! L’agape divine est adressée à toutes les nations, à tous les milieux, à toutes les cultures, parce que le Seigneur cherche sans cesse des hommes capables de se réjouir, de rendre grâce – des hommes qui se réjouissent de se réjouir avec leur Seigneur.
Royaume et enfer
Par le ministère des anges et des saints, Il « insiste » même pour faire entrer les gens, « pour que sa maison soit remplie ». Parmi les plus pauvres, malheureux et éclopés de ce monde, parmi ceux qui n’osent plus faire la fête, il en est, Dieu le sait, dont le cœur est doué pour la joie. Ils attendent seulement peut-être que l’invitation arrive jusqu’à eux. Faut-il n’avoir rien pour se réjouir de tout ? Faut-il avoir tout perdu pour tout gagner, être mort pour connaître la vie, exclu de tout et de la vie elle-même, comme ces embryons assassinés, pour se savoir invité à la table du Roi ? La joie est immense quand tu penses n’avoir droit à rien. Tout est alors cadeau et gratuité de l’amour parfait. Et l’enfer est une auto privation.