Le mystère de l’Église –
La parabole que nous venons d’entendre décrit le mystère de l’Église du Dieu trois-fois Saint. Celle-ci se définit par la fête, par la joie, par l’amour. Le Fils de Dieu est venu dans le monde pour que les hommes puissent participer au banquet de son amour. L’enjeu de l’Incarnation, cette humanisation de Dieu qui demeure Dieu, est que tous les hommes aient accès à la vie divine, à la familiarité du Père. L’Église apparaît comme possibilité du Salut pour tous. C’est pourquoi le maître de maison s’ingénie ici à battre les buissons et à inviter tous les hommes que ses serviteurs pourront rencontrer, sans aucune distinction. Le Salut pour tous : voilà le programme du Père, du Fils et du saint Esprit. La joie divine pour tous !
Le Salut pour tous
L’invitation du Christ est universelle parce que l’amour qui est le cœur de cette fête est un amour sans limite. L’amour se limite lui-même quelquefois par respect pour les personnes ; mais il est foncièrement inclusif, hospitalier, accueillant. Il lui arrive d’être insistant, comme nous le voyons. L’amour ne force pas ; mais il chercher à persuader : « si, viens, je t’assure, tu verras comme ce sera bon ! » L’amour n’invite pas du bout des lèvres, il n’invite pas par politesse : il invite par amour, par envie que tous se réjouissent et pour dilater son propre être. L’amour multiplie. L’amour magnifie. L’amour ne compte pas, il ne dénombre pas. La quantité ne l’intéresse pas.
La plénitude
Ce qui l’intéresse, c’est la plénitude. La plénitude ne fait pas nombre. La sainte Trinité, amour suprême et source de tout, est la plénitude, et elle ne fait pas nombre. Il n’y a pas trois dieux, une certaine quantité de dieux. Nous ne sommes pas polythéistes. Le chiffre de la triple unité exprime la plénitude : Saint ! Saint ! Saint ! Cette plénitude, le Seigneur en fait le banquet de son Église. En ce temps de préparation à Noël, le Seigneur nous invite, et le mot « église » veut dire invitation, convocation, appel universel à venir s’enivrer de la liesse de l’amour divin. Et s’il y a « peu d’élus », ce n’est pas la faute à l’Invitant ! Innombrables sont les invités ; peu, c’est-à-dire justement quantifiables, sont ceux qui répondent.
La synergie
La liberté est dans la réponse. L’Église, pour être la fête en plénitude, la fête de la plénitude, ou la plénitude festive vers laquelle nous tendons, demande la synergie. Dieu est l’hôte et l’invitant. L’homme est celui qui répond, ou ne répond pas, ou répond mollement, ou répond plus tard. Dans de nombreuses pages, le saint Évangile nous indique cette réalité : le dialogue ; une proposition, suivie ou non d’une réponse. Tel est le mystère du Christ, le Dieu-Homme : coïncidence de la volonté divine et de la volonté humaine ; rencontre nuptiale de deux libertés ; Celui qui est conçu en Marie le 25 mars et qui vient au monde le 25 décembre est Dieu et Homme ; Il porte en sa personne divine les deux natures, les deux volontés, les deux libertés, les deux énergies.
Les deux natures
L’évangile de ce jour annonce Noël, non seulement comme invitation à nous réjouir avec notre maître, mais parce qu’il désigne cette rencontre du divin Invitant et de l’Invité humain. Cet évangile est trinitaire parce qu’il signale la communion eucharistique des personnes ; il est christologique parce qu’il montre en l’union des deux volontés le chemin du Salut et de l’épanouissement pour tous ceux qui le veulent, ou qui se laissent persuader et convaincre par la persuasion de l’Esprit. Mettons cela en pratique ! Usons de cette persuasion aimante pour attirer vers la joie du Père tous ceux qui nous entourent, croyants ou non encore croyants : Venez, réjouissons-nous ensemble avec le Seigneur !
(Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie », dimanche 15 décembre)