« Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                    « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »              « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! » 

Saint Jean est-il le préféré du Seigneur ?

St Jean le Théologien

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Importance de la question –

Pourquoi notre Seigneur avait-Il une relation spéciale avec son disciple bien-aimé – le saint apôtre Jean ? Pourquoi n’aimait-Il pas tous les apôtres de la même manière, autrement dit, d’un amour égal? Cette question ressemble à une autre: pourquoi Dieu a-t-Il agréé le sacrifice d’Abel et non celui de Cain? Dans un targum juif, la lune dit à Dieu à propos du soleil: « pourquoi lui et pas moi? » Et saint Pierre dit à Dieu à propos de saint Jean: « et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il? » Et le Seigneur répond: « si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que Je revienne, en quoi cela te concerne-t-il?’ (Jn 21, 20-23). Il semble qu’il y ait deux éléments de réponse (provisoire!) à cette question.

La transcendance divine

Par la réponse du Seigneur Jésus à l’apôtre Pierre, nous comprenons qu’il existe un plan divin auquel l’être humain n’a pas accès. Que personne n’accuse Dieu d’arbitraire ou d’injustice. Il y a un niveau de transcendance de la volonté divine qu’il nous appartient de glorifier sans tout savoir ou tout connaitre. Le Seigneur est Dieu. Il nous révèle ce dont Il sait qu’il est bon pour nous que nous le sachions. « En quoi cela te concerne-t-il ? » dit-Il à Pierre ; comme s’Il disait: est-ce que cela te regarde? Pensons à la réponse faite par le Seigneur à sa Mère très pure pendant les noces à Cana de Galilée (Jn 2, 4).

Il y a ici une affirmation de la transcendance de Dieu, de sa supériorité et de sa souveraineté. Nous avons du mal à l’accepter parce que Dieu Lui-même nous a habitués à son humilité et à sa familiarité: on voit bien que l’apôtre Pierre interroge Jésus avec familiarité – et il se voit remis à sa place! Le Seigneur est Dieu: nous sommes ses créatures, ses enfants, ses amis, ses frères, nous pensons à juste titre avoir accès, ou même droit, à son héritage. Pourtant, de temps en temps, Il nous rappelle qu’Il est le Maître et nous les disciples; peut-être comprendrons-nous un jour ce qui ne nous est pas révélé aujourd’hui: « pourquoi lui? »

L’injustice divine

La question posée introduit celle de la justice. Du point de vue humain qui est le nôtre, Dieu se montre injuste avec Caïn et avec les apôtres, en préférant comme Il le fait Abel et Jean. Révisons notre conception de la justice. Bien souvent, Dieu est plutôt injuste suivant nos catégories d’équité et de justice distributive. À nos yeux, Dieu n’est pas toujours équitable. Par exemple, comme le remarque le prophète David, Il laisse souffrir des innocents et prospérer des méchants. Le cas de Jean, comme le cas d’Abel, nous permet de découvrir un autre plan, incompréhensible pour nous: Dieu, dit le Prophète, est juste en toutes ses voies; sa justice est éternelle ! Cette idée est apparentée à la précédente: celle de transcendance absolue de la Divinité et de ses décisions. Si Dieu était, sinon juste, du moins équitable, une bonne partie des hommes seraient châtiés sévèrement, car « personne n’est sans péché »! Et il est rare que, dans cette vie, les hommes reçoivent, ce qui serait équitable sinon juste, le salaire de leurs injustices!

La personne est unique

Le mystère de la place de saint Jean parmi les apôtres désigne le mystère de la personne et de son unicité. Dans beaucoup de passage du saint Évangile, de la Loi et des Prophètes, il semble bien que Dieu ait en vue de révéler le mystère de la personne humaine, c’est-à-dire du sceau de son image en la créature humaine. Une des façons de révéler le caractère absolu et exclusif de la personne créée à l’image du caractère absolu et exclusif de la personne divine est l’élection. Dieu est unique ; la personne créée est unique. L’histoire de la brebis pour laquelle le pasteur abandonne un entier troupeau est également l’histoire d’une injustice selon les hommes.

L’élection

Dieu choisit, et en choisissant Il met à part un être incomparable. Dieu choisit, et cette liberté qu’Il a de choisir, d’élire, nous scandalise comme une préférence injuste. Il choisit également d’autres personnages: Il choisit Abraham – pourquoi lui? Il choisit Moise, Job, Élisée, Elie, les douze apôtres, pourquoi eux? Pourquoi Marie? Certains, pour trouver une explication humaine, ont introduit l’idée que tel serait choisi en fonction de ses mérites… Les saints Pères soutenaient plutôt l’idée que l’amour est élection, ce que montrent l’amitié et l’amour entre nous. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi », écrit Montaigne à propos de son ami Etienne.

La vocation

En plus du mystère électif de l’amour – qui n’est donc pas une « raison » – nous voyons que le Seigneur choisit telle personne en fonction de la mission qu’Il sait pouvoir lui confier. Le Seigneur n’a pas de préféré, de « chou-chou », et Il choisit tel ou tel parce qu’Il sait ce qu’Il va pouvoir faire en coopération avec lui pour le Salut de la Création. Pensons à Abraham, à Moise, à Joseph d’Égypte, à Marie la Vierge, et à chacun des apôtres. Ces derniers présentent un exemple particulièrement intéressant: chacun d’entre eux est élu pour une mission. On parle de « primauté » de Pierre (pourquoi lui?) mais on peut parler de primauté d’André le « premier appelé » (pourquoi lui?) et de primauté de Jean, celui à qui le Seigneur a voulu confier le mystère de son amour, comme le montre tout l’évangile placé sous sa responsabilité. Le Seigneur n’a pas aimé saint Jean, ou saint Pierre (rappelons-nous: « Pierre, m’aimes-tu? ») ou saint André plus que les autres, ou plutôt que les autres. Non: disons que le Seigneur aime tous ses disciples, tous ses apôtres, et tous les hommes, mais de façon personnelle, unique, exclusive et absolue. Il n’a pas de préférence car la préférence implique la comparaison. Il aime chacun de façon absolue: Abel, Abraham, Moise, Marie, Pierre, Jean – et Paul: en voilà encore un qui est une manifestation de l’amour absolu de Dieu pour chaque personne: pourquoi lui? Pourquoi moi?, semble dire saint Paul, dans plus d’une page.

Comment Dieu aime

Ainsi, dans le cas de saint Jean comme dans le cas d’Abel, Dieu a manifesté sa façon personnelle d’aimer. L’amour n’est pas injuste. L’amour n’est pas non plus juste dans le sens d’équitable. L’amour est absolu, ce n’est pas la même chose, et nous avons beaucoup de difficultés, comme parents, par exemple, à entrer dans le mystère d’un tel amour où Dieu est tout pour chacun, et où chacun est tout pour Dieu. Et nous avons du mal à comprendre pourquoi le Seigneur, dans l’Évangile, aime et choisit des gens sans mérites et méprisés : pourquoi eux ?