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La divinisation du chrétien

Comme le fer rougi au feu –

« Dieu est saint. Il est le Tout-Autre, l’Incompréhensible, l’Ineffable, et nulle créature, pas même les anges et les saints du ciel, ne peut le « comprendre », en avoir une connaissance adéquate. Seuls le Fils et l’Esprit peuvent sonder les profondeurs de Dieu, parce que seuls ils reçoivent du Père communication de l’unique essence divine. L’attitude spirituelle et théologique des Pères a été profondément marquée par le sens de l’inaccessibilité de Dieu. Ils ont toujours été particulièrement soucieux de sauvegarder les droits du mystère contre toute intrusion intempérante de la raison humaine.

La participation

Mais le Dieu saint est aussi le Dieu proche. Il a voulu, par une démarche entièrement libre et gratuite, conférer à celles d’entre ses créatures raisonnables qui accepteraient d’entrer dans son dessein de salut une participation réelle, quoique toujours limitée, à sa nature divine (2 Pierre 1, 4). Non point unité d’essence, mais compénétration de l’homme et de son libre agir créé par le libre agir incréé (énergies) de Dieu, qui est Amour. Cette restriction ne réduit pas la divinisation du chrétien à n’être qu’une métaphore. Les Pères la conçoivent au contraire dans un sens extrêmement réaliste, qui sauvegarde cependant l’absolue transcendance de Dieu.

Interpénétration

Dans l’union, l’agir incréé de Dieu et l’agir créé de l’homme, le vouloir de Dieu et le vouloir de l’homme, ne restent pas extérieurs l’un à l’autre, le second se conformant seulement au premier d’une façon purement morale, par le jeu de sa liberté. L’agir divin, en une communication souverainement libre, devient comme intérieur au libre agir de l’homme, le pénètre et l’imprègne en quelque sorte, pour le transformer et le diviniser. L’âme humaine est ainsi vitalement unie à l’amour incréé de Dieu, comme le fer rouge est pénétré par le feu et le cristal par le rayon de soleil.

L’Incarnation du Verbe

Cette divinisation du chrétien a été conçue par les Pères comme une extension à chaque baptisé, moyennant le don du Saint-Esprit et la libre coopération de l’homme, de la divinisation de la nature humaine accomplie dans le Christ par l’union de son humanité à la nature divine dans la personne du Verbe, ‘sans confusion ni mélange’, selon la formule du concile de Chalcédoine. »

(P. Placide Deseille, Le monachisme orthodoxe…, Cerf, Paris, 2013, p. 29-30)

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