Courrier du cœur –
« Tes prières et des vœux ont été exaucés quand tu as appris mon ordination presbytérale… Quelques mois après cet évènement, la Prière m’est tombée dessus comme du Feu. J’ai vu que je n’avais pas encore vraiment prié dans la vie : des larmes, des larmes, des larmes de repentir, des larmes de la joie de me sentir pardonné par Dieu.
Je me cache pour prier pour qu’on ne m’embête pas par des curiosités. Tu es le premier à qui je le confesse, à toi dont je sens que tu as veillé depuis tes cours sur mes pauvres expériences.
À la liturgie souvent, je pleure : c’est incontrôlable.
Aussi je me demande si je ne suis pas la cible des illusions du démon, vu qu’un tel attrait pour la prière se manifeste si tard dans ma vie, et que je m’en sens indigne… »
Réponse du cœur
« … Que le Seigneur nous accorde de pleurer de joie, d’émerveillement, de gratitude, de repentir et de regret d’avoir vécu si loin de lui et pendant si longtemps ! Le Diable ne connaît pas les larmes. Ses yeux incorporels sont secs comme l’Enfer. Il ne sait même pas pleurer du dépit que lui inspire la béatitude des saints ! Pleure-t-on de jalousie ? Pleure-t-on de rage en voyant l’amour que deux êtres partagent ? Non. Satan n’a pas pleuré en voyant au Paradis l’intimité de l’homme avec Dieu. Il a souffert de cette intimité. Le mauvais Riche de l’Évangile ne pleurait pas en enfer : il se plaignait.
Il n’y a pas de mauvaises larmes venues dans la prière de foi. Les seules suspectes sont celles qui naissent de l’apitoiement sur soi, de la tristesse d’une vanité déçue, ou de la frustration d’un bonheur égoïste – tristesse selon le monde.
Mais quand les larmes viennent avec la prière, elles viennent du saint Esprit : pleurs de joie ! Pleurs d’allégresse ! Larmes d’amour produites par un cœur brisé de tendresse ou de deuil spirituel – larmes de l’apôtre Pierre – larmes de pierre ? Les pierres pleurent-elles ?… Les pierres se fendent de douleur, dit la Parole. Notre cœur pétrifié peut pleurer…
[…] ne perd pas ces larmes. Le Malin te fait douter de ce qu’il ne connaît pas – de l’amour. Puisses-tu prier avec larmes pour le monde et son salut, avec les larmes de sang qu’inspire la compassion du Christ. Pleurons plutôt de ne pas pleurer. Sur l’icône du Christ, il y a peu, une larme coula d’un des yeux… Mais, dans notre cœur, le Christ Lui-même, à Gethsémani, pleure pour le monde… »