L’amour de Dieu
Le 3ème dimanche de Carême, et pendant toute la quatrième semaine de ce temps, la sainte et vivifiante Croix est exposée à la vénération et glorifiée par les textes liturgiques. Cette place éminente la désigne comme sens et but de la grande quarantaine : acquérir l’amour de Dieu. Intersection du ciel et de la terre, elle est l’emblème de l’amour par lequel Dieu se fait homme. « Dieu est amour » (1 Jn. 4, 8) ; mais par la Croix, Il le prouve : amour oblatif, tout entier dans le sacrifice de soi, tout entier dans la préférence d’autrui à soi. La Croix est une totale abnégation de soi par amour pour quelqu’un. Quand le Dieu Homme est monté volontairement sur la Croix, Il a dit qui Il est et comment Il vit.
Porter la Croix
L’enjeu du Carême est de progresser dans la ressemblance de Dieu en augmentant notre capacité à aimer comme Il aime. Nous avons l’honneur de porter la croix sur notre corps ; elle nous fut remise au baptême ; portons-la toujours ; ne pas la porter serait une négation de notre identité de disciples de Jésus Christ. « Que chacun prenne sa croix et me suive », dit le Maître. Mais portons-la également à l’intérieur ! Comment ? – en crucifiant tout ce qui nous empêche d’aimer – définition du péché… Toutes les formes que prennent l’égoïsme, l’égocentrisme, l’amour de soi, constituent une contradiction avec l’image de Dieu en nous, faite pour aimer autrui plus que nous-mêmes. Les diverses pratiques du temps de Carême, tels des bistouris, opèrent la chirurgie de notre amour propre, de notre amour du plaisir et du confort, de notre amour d’avoir raison – notre incapacité à aimer comme Dieu aime. Nous connaîtrons la paix de notre âme et la joie du Christ, en ce monde et dans l’autre, en nous sacrifiant librement et par amour (non par devoir…) pour une ou plusieurs personnes. Comment ? – en offrant de notre temps, du meilleur de nous-mêmes, de notre affection, de ce que nous possédons : en nous donnant nous-mêmes, comme le font toutes les personnes qui s’aiment.
L’offrande
La Croix est le signe de l’oblation. Par elle, une personne offre à une autre personne, par amour pour elle, ce qui lui est le plus cher. Par amour pour la volonté divine, Abraham se montra prêt à offrir celui qui lui était le plus cher, son propre fils. Dieu Lui-même a tellement aimé les hommes qu’Il a sacrifié pour eux son propre fils (Jn. 3, 16). Quelquefois, ce à quoi nous tenons est simplement une passion, une habitude, même bonne, un attachement. Mais, quand un être cher entre dans son repos, l’Église nous apprend à nous désapproprier de celui qui nous est si cher pour l’offrir à Dieu, simplement en glorifiant sa volonté : « Béni est le chemin que tu parcours aujourd’hui ! » (office des funérailles).
L’exorcisme
La Croix illumine le Carême parce que, par elle, les démons, et Satan en personne, sont vaincus. Le seul signe de la Croix sur nous-mêmes, sur autrui, sur le monde, exorcise. Les démons tremblent devant la Croix : elle est pour eux la porte de l’enfer ; elle est, pour les justes, la porte du Paradis – victoire sur l’archange de l’orgueil, et gloire des humbles et des doux.