La protection des saints –
Le 8 mai, nous avons fait mémoire de l’apparition de l’archange Michel au mont Gargan en Apulie au 5ème siècle. Ayons conscience que les importants évènements de l’Histoire signalent l’intervention de Dieu, de ses anges et de ses saints. Le 8 mai 1945, mémoire du saint archange Michel, marque la fin de la deuxième Guerre mondiale, comme le 11 novembre, mémoire de saint Martin, fête l’armistice de 1918. Pour cette raison, nous invoquons l’intercession, non seulement de la Mère de Dieu, mais des anges et des saints, pour la protection de nos peuples respectifs.
La vraie menace
Ce qui menace l’humanité, ce ne sont pas seulement les fléaux cosmiques permis par Dieu et qui nous mettent devant notre responsabilité, notamment à l’égard de la Création. Ce ne sont pas seulement les guerres atroces. Ce qui nous menace, ce sont toutes les formes de déshumanisation, en temps de guerre ou en temps de paix. La déshumanisation de l’homme par l’homme est une entreprise diabolique qui prend, au cours de l’Histoire universelle, différentes formes. Cette entreprise est diamétralement opposée à celle du Christ, Fils unique et Verbe de Dieu, pourquoi? – parce que le Fils a humanisé l’homme au maximum en se faisant homme, en assumant la condition humaine déchue et en déifiant l’humanité pour la glorifier à la droite du Père. Il est l’homme parfait et Il invite tous à cette perfection humaine.
Anti Christ
Pour cette raison l’action de déshumanisation, quelle que soit la forme qu’elle prend, discrète ou spectaculaire, insinuée ou organisée, est une action anti Christ. Les baptisés s’en gardent et la dénoncent prophétiquement. Mais, avec une royale sérénité, ils œuvrent tous les jours à faire régner le Christ, dans leur propre cœur et leur propre vie, d’abord, et autour d’eux, dans la société et dans la Création.
Un royaume sans pouvoir
À la différence de l’entreprise anti Christ qui utilise généralement des formes de pouvoir, le règne du Christ ne s’impose pas. Il est sans pouvoir. Il se diffuse, comme une tache d’huile, avec douceur, souvent sans bruit, de personne à personne, comme une saine contagion, par le rayonnement des saints.
À la différence du pouvoir anti Christ qui s’arme éventuellement d’institutions, le règne ou royaume de Dieu n’a pas de forme institutionnelle, si l’on se réfère honnêtement au saint Évangile, quoi que les baptisés aient entrepris dans l’Histoire.
L’impatience des disciples
Quelquefois, les chrétiens s’impatientent en voyant le progrès du Prince de ce monde, et sont pris d’angoisse devant la douceur du Roi des nations, le Christ. Dans les psaumes déjà, il y a la trace de cette pardonnable impatience et de cette faiblesse de la foi: “pourquoi dors-Tu, Seigneur?”, dit le Prophète (Ps 43); et, dans l’évangile selon saint Matthieu (8, 24), les apôtres sont paniqués parce que le Fils de Dieu dort dans la barque: “au secours! crient-ils, nous périssons!” (cf. Mat. 14 30).
Par impatience, par peur devant l’oeuvre du Malin, par découragement devant la prétendue inaction de la Divinité, l’impuissance apparente d’un dieu crucifié et vaincu, beaucoup apostasient et se tournent vers des pensées et des idéologies, ou des pouvoirs, censés les rassurer ou faire face au contexte inquiétant. Ils font ainsi le jeu de l’anti Christ.
Le Christ vainqueur
Le Christ ne veut vaincre qu’avec les moyens qui sont les siens: la douceur et l’humilité du cœur, puissance de la Résurrection. La Résurrection est la victoire de l’humilité. Personne n’a jamais réussi à obliger le Seigneur à prendre le pouvoir dans ce monde – malgré de nombreuses tentatives. Judas est venu se saisir du Sauveur avec une troupe armée; et Pierre à son tour voulait prendre les armes de ce monde pour le défendre: le Seigneur a montré la vanité de l’une et de l’autre de ces formes de pouvoir.
Le Seigneur est irréductiblement le Seigneur de douceur, de liberté, de sacrifice de soi par amour pour tous. Le recours aux saints et aux anges fait appel à ceux qui ont le même Esprit que le Christ. Saint Michel, dont nous faisions mémoire en ce jour de rétablissement de la paix en Europe, est celui qui, dans l’Apocalypse (12,7 ; cf. Jude 9 et Dan.10, 13 ;10, 21 et 12, 1), est vainqueur de la méchanceté orgueilleuse par la douceur de l’humilité . Saint Michel est l’ange de la divine humilité, et le champion du Roi des rois.