Nous entendons au cours de la Semaine sainte cette parole étrange prononcée par le Sauveur avant sa Passions. Le théologien mystique Origène en donne l’interprétation suivante, que développe saint Dumitru le Confesseur dans sa Dogmatique.
«Voyons maintenant pourquoi le Sauveur ne boit pas de vin tant qu’Il ne sera pas avec tous les saints au Royaume des cieux.
Mon Sauveur pleure pour mes péchés. Mon Sauveur ne peut se réjouir tant que je reste dans l’ignorance de la loi. Pourquoi donc ? Parce qu’Il est lui-même l’avocat de mes péchés auprès du Père, selon les mots de Jean, son disciple : Si quelqu’un vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père, Jésus Christ, qui est juste ; car Il est, lui, victime d’expiation pour nos péchés (1 Jn 2, 1-2).
Comment donc celui-là même qui est l’avocat de mes péchés pourrait-Il boire du vin de la joie, lorsque, par mes actions, je l’attriste ? Comment celui qui s’approche de l’autel, afin de réparer mes fautes, à moi pécheur, comment celui-ci pourrait-Il se réjouir ? – lui, dont la tristesse augmente à la mesure de mes actions pécheresses?
Tant que je persiste à pécher, Il est dans la tristesse. Si son apôtre pleure pour ceux qui ont péché sans se repentir (2 Co 12, 21), qu’en est-il de celui qui est nommé Fils de l’amour ? Il intervient pour nous auprès de Dieu, Il reste près de l’autel afin de faire que nos fautes soient réparées ; et c’est parce qu’Il devait s’approcher de cet autel qu’Il disait qu’Il ne boirait plus du fruit de la vigne avant de le boire avec nous. Il ne veut pas boire seul le vin du Royaume, et Il nous attend […] Nous sommes donc ceux qui, quand nous négligeons notre propre vie, retardons sa joie ».
(Origène, Homélie VII sur le Lévitique, P.G. 12, 478-482).