« Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                    « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »              « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! » 

« Art sacré » ?

Maxime Kovalesky

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Tout art est sacré –

Sacré, ce qui est mis à part et consacré à une fin exclusive. Tout art procède de choix dans le domaine de l’espace et du temps. Tout art constitue, d’une certaine façon, un « temple », étymologiquement une sélection et une découpe spatio temporelles. En ce sens, comme nous le rappelait constamment le professeur Maxime Kovalevsky de bienheureuse mémoire, tout art est sacré. Il consacre des formes, des lignes, des couleurs, des sons, des successions de sons et de gestes, par exemple dans la danse. Des éléments offerts par le Créateur dans la Création sont sélectionnés par l’artiste et stylisés, consacrés ainsi en vue d’exprimer une expérience ou de la communiquer.

Rendre à Dieu ce qui vient de lui

Surtout, la consécration artistique fait voir ce qui est à regarder et entendre ce qui est à écouter. Cette mise en lumière par l’artiste du réel créé désigne, révèle la fonction sacerdotale qui a été conférée par le Créateur à l’homme premier au Paradis. L’artiste a une activité sacerdotale : il consacre, il offre à Dieu ce qui vient de lui pour ceux qui sont à lui.  Ainsi, l’expression art sacré est un pléonasme. De plus, elle suppose un art supposé profane, un non art artistique, considéré avec condescendance.

Théologie de la culture

Le Verbe s’est fait chair, qu’est-ce à dire ? Les catégories de sacré et de profane sont archaïques. Elles appartiennent à un monde antérieur à l’Incarnation et à la Descente de l’Esprit. Elles caractérisent l’état déchu, quand Adam, s’étant exclu du Paradis, se connaissait en dehors de la présence divine. Profane, ce qui est extérieur au temple, équivalent à la catégorie de monde. Par son omniprésence dans le monde, par sa transfiguration et déification de la chair et du corps, le Verbe nous révèle une théologie de la culture qui restaure l’ensemble de la Création dans son statut originel et anticipe sa transfiguration et son salut à venir.

La consécration des créatures

Les sacrements ou mystères accomplis par le Corps du Dieu Homme ou Église attestent et manifestent la sacralité de la Création tout entière : épiphanie de l’Esprit en l’eau purifiée et consacrée dans le Jourdain par l’immersion en elle du Créateur ; épiphanie du Verbe dans la lumière et dans la terre par sa Résurrection ; et dans l’air où souffle le grand Souffle du Père – la vision chrétienne de la Création, des créatures, et du monde lui-même, la belle harmonie cosmique que connaissent les païens, dépasse le registre où un sacré et profane s’opposeraient. Les sacrements fournissent en ce sens le type de la création artistique. Ils assument une réalité qui appartient au monde déchu pour le sauver en le consacrant et en le transfigurant.

La Création comme Art

La théologie de l’omniprésence du Créature dans la Création et dans ses créatures par ses énergies divines et incréées fonde une théologie de la culture. Il est des paysages d’une beauté saisissante et qui sont en eux-mêmes la manifestation d’un art suprême : la Création suscitée de rien par le Créateur et artistiquement ordonnancée par lui rend humble le plus audacieux des artistes de ce monde. Quelle icône, sincèrement, rejoint la beauté divino humaine du Fils incarné ? Quelle danse, quelle mélodie, quel son indéfiniment travaillé – sincèrement – sont-ils dignes de l’atelier de leur Maître ?

La beauté du monde révèle que le péché n’a pas gagné en lui. Même extérieure au Paradis, la Création ne voit jamais abolie en elle l’image et la forme premières que lui donna et que, finalement, entretient son Artiste et Artisan suprême. L’acathiste d’action de grâce que chante l’Église dit très bien cela. Le Créateur, non seulement maintient sa création dans l’existence, à cause des justes et des saints, mais encore, soutenant continuellement la beauté créée, Il promeut encore de nouvelles formes. Il œuvre sans cesse : nous sommes invités, notamment les artistes, à œuvrer avec lui.

Art liturgique, art non liturgique

En réalité, comme le rappelait notre maître Maxime Kovalevsky, l’antinomie n’est pas celle, périmée, du sacré et du profane, qui appartient à l’histoire des religions. L’antinomie actuelle, fruit de l’Incarnation, de la Résurrection, de l’Ascension du Verbe, et de la Pentecôte de l’Esprit, est celle de l’art liturgique et de l’art non liturgique. Tout art étant sacré, l’art liturgique a une finalité particulière : exprimer la révélation divine et la vocation de l’homme. Conçu dans ce but, l’art liturgique, art de la communauté sacerdotale du peuple de Dieu, répond à certains principes, à certains modes de stylisation des formes. L’art non liturgique montre la beauté et la profondeur du réel tel qu’il est ; l’art liturgique indique la transfiguration anticipée du monde qui vient

Voir et entendre

L’art liturgique a ses exemples dans la composition de l’Arche de l’Alliance et dans celle du Temple de Jérusalem. Issue de l’Incarnation, l’icône, qui reçoit de la terre ses couleurs, est langage du futur. L’architecture d’une église annonce les voies du Salut universel. Le chant psaltique ou responsorial, la structure même des offices, répondent à une méthode qui permet l’écoute et l’assimilation de la Parole, et la vision iconologique de cette même Parole. L’art liturgique se distingue de l’art non liturgique parce que sa spécificité est de donner à entendre et à voir le Seigneur de gloire. Honnêtement, toutefois, l’art non liturgique accomplit souvent, à sa façon, la même vocation… Ces deux arts sont antinomiques : ils ne s’opposent pas ; ils affirment simultanément deux registres de l’expression divine et humaine.

Tirer les conséquences de la Résurrection

Dans le domaine de la culture comme dans d’autres, le message prophétique de l’Évangile n’a pas encore porté tous ses fruits. Les conséquences de l’Incarnation, de la Résurrection, de l’Exaltation du Verbe et de la Descente de l’Esprit en la plénitude de ses dons, sont loin d’avoir été toutes exploitées. Le message du Verbe, loin de disqualifier le monde et ses œuvres, les appelle au Salut. L’Esprit du Père manifeste sa présence par tout ce qu’Il inspire aux chercheurs, aux hommes de science, aux artistes et aux inventeurs. En suscitant ainsi la découverte de ce qui est – ce que font à la fois les scientifiques et les artistes : inventer, c’est découvrir – Il conduit tout au Verbe, Plénitude de la vie humaine et cosmique.

La mission des disciples

Ceux qui mettent déjà leur foi dans le Père, le Fils et le saint Esprit, sont dans le monde, non par accident, mais parce qu’ils y sont envoyés par le Seigneur, si l’on relit bien le saint Évangile selon l’apôtre Jean. Et leur mission est, non de disqualifier le monde, mais de valoriser, de soutenir et d’attester toute œuvre de bien, de vrai et de beau. Cette mission triomphe de toutes les inspirations malignes qui visent à pervertir le projet divin.