Le temps liturgique –
La parole que nous venons d’entendre est, comme chaque dimanche, en lien étroit avec le temps liturgique où nous nous trouvons. La période de l’Avent, ou Carême de la Nativité, est un temps de renouveau, comme le sont toutes les quarantaines dans la tradition biblique et chrétienne. Elle comporte un appel au réveil, à la veille, à la vigilance et à la préparation en vue de l’illumination divine de nos intelligences et de nos cœurs. Une hymne occidentale de ce temps exprime cette vocation de l’Esprit : « Écoutez : une voix s’élève, qui résonne à travers la nuit. Rejetez loin de vous les songes : la lumière du Christ paraît ! Relevez-vous, cœurs endormis… puisque le nouveau Soleil luit ! »
Un effort d’optique
Un appel lumineux résonne dans la nuit non seulement cosmique qu’apporte l’hiver mais encore celle de la culture, de la civilisation, de notre malheureuse planète… C’est également la nuit de notre propre vie, de nos passions et de nos péchés ; de nos illusions et de nos songes. Pour distinguer la lumière dans la nuit, il y a de notre part un effort d’optique à faire, un effort de discernement et une attention particulière. Cette lumière est à son début très petite, lumière embryonnaire, ou celle qui brille dans une grotte sombre comme un enfant nouveau-né. Laissons-nous attirer par cette lumière nouvellement née pour nous !
Le Christ Lumière
Le Christ est lumière ; Il est la Lumière, et a l’audace divine de le dire : « Je suis la lumière du monde ! » (Jean 8, 12) ; « c’est comme Lumière que Je suis venu dans le monde » (Jean 12, 46). Le mystère du Christ Lumière est la clef de l’Histoire : nous allons vers cette lumière à peine perceptible ; et la Lumière vient vers nous, d’abord petite, puis croissante, et bientôt, à Pâque, éclatante et triomphante. Être chrétien, c’est être attiré par la lumière divine, par la Lumière en Personne, lui répondre et la suivre – c’est voir le Christ Lumière à l’horizon de l’Histoire.
La liberté de ne pas répondre
L’évangile de ce jour rapporte l’épisode d’un homme, notre semblable, qui ne peut pas, ou ne veut pas, suivre cette lumière qui lui parle : « Viens et suis-moi ! » Nombreux sont les saints, comme Antoine, qui ont répondu Oui à la Lumière. D’autres l’ont entendue et, comme le personnage de ce jour, sont devenus tout tristes et se sont détournés de la Lumière.
Deux tentations, l’Esprit saint nous le dit, tendent à empêcher l’homme de suivre la lumière divine, le Christ Lumière : l’amour de l’argent et l’idolâtrie de la Loi. Elles engendrent la tristesse de ce monde. En toute liberté, tu peux préférer le confort matériel à la jouissance de la grâce, le légalisme à la liberté de l’Esprit. Regardons en nous-même, dans les ténèbres de notre vie : je fais tout ce qui est prescrit, tout « ce qu’il faut faire » pour être orthodoxement correct ; j’organise ma vie selon mon compte en banque ; je me complais dans l’amertume. Il est paradoxal que l’homme préfère quoi que ce soit à la joie en Dieu, à la liberté de l’Esprit et à l’enrichissement en Dieu que propose le Christ. Il est inouï que l’homme puisse croiser le regard du Christ Lumière et s’en détourner. Nous nous trompons de bonheur !
L’invitation à la joie
Ainsi, le récit de ce jour nous enseigne à prendre en main ce temps béni de l’Avent et à répondre en toute liberté à l’invitation à la joie. L’Église du Verbe Lumière n’est pas autre chose que l’invitation à la joie divine, au banquet de l’amour divin, à la jubilation des Incorporels, des saints et des Justes. Sachons que la réponse est d’abord dans la culture de la Parole ; disciple de la Parole Lumière, celui qui se nourrit de ses paroles au quotidien, son « pain substantiel, essentiel, de chaque jour ». Il s’en nourrit également en la forme transfigurée du Corps et du Sang très purs dont le Verbe Lumière dit : voilà mon Corps ; voilà mon Sang : mange et bois !